Les oreilles de Buster

Les oreilles de Buster De loin en loin, je voyais sur les blogs ces oreilles de Buster qui me faisaient des signes amicaux pour que je les approche d’un peu plus près… C’est fait, pour mon plus grand plaisir car j’ai passé trois jours complètement plongée dans la vie peu commune du personnage principal de ce livre (qui n’est pas Buster – Buster étant pourtant un « personnage » essentiel grâce à ses oreilles très attentives…), Eva, 56 ans, qui, un été, ressent le besoin de revenir sur sa vie grâce au cadeau d’un journal intime offert par sa petite-fille.

La narration sous forme de journal intime qui se déploie sur deux mois environ, alterne entre le présent, sa vie tranquille avec Sven, les visites de sa fille Suzanne, en plein divorce, sa relation pas facile avec une vieille dame acariâtre, ses rosiers, et un passé très douloureux. Le ton est donné dès la première phrase : « J’avais sept ans quand j’ai décidé de tuer ma mère. Et dix-sept quand j’ai finalement mis mon projet à exécution. » Et on la comprend : cette mère toxique, narcissique et d’une cruauté sans égale pourrit la vie de la jeune Eva qui décide de tout mettre en œuvre pour se déprendre de ce lien malsain.

L’écriture est fluide et nerveuse en même temps, le personnage complexe, à la fois victime et bourreau, naïf et déterminé, solaire et sombre. L’auteur nous réserve au fil de la lecture pas mal de surprises et de détours inattendus. Il est question de l’utilisation très originale des pièges à rats, d’un étrange roi de pique qui vient hanter le sommeil d’Eva en lui parlant des baleines, d’une fillette qui passe sa vie dans les livres, d’un beau marin déprimé et de bien d’autres choses. Un très bon moment de lecture !

L’avis – toujours avisé ! – de Mrs Pepys, celui – très développé – de l’Or.

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10 commentaires pour Les oreilles de Buster

  1. Aifelle dit :

    Je ne l’ai pas lu, j’y pense toujours, j’essaierai de lui faire une petite place.

  2. grigrigredin dit :

    Je découvre ce livre sur ton blog, et j’ai bien envie de le lire…

  3. mrspepys dit :

    Ah ! les pièges à rat ! ce passage reste un souvenir effroyable…
    Merci pour le clin d’oeil. 🙂

  4. christine dupuy dit :

    J’ai mis, pour ma part, beaucoup de temps à m’intéresser au drame d’Eva, et n’ai pas réussi à éprouver de véritable compassion à son égard. En refermant le roman, je n’étais pas « soulagée », comme Anne selon son blog, plutôt perturbée, voire irritée. Ce qui me gêne, c’est la vision curieusement « féministe » , en tout cas déséspérée, qui fait des personnages masculins des êtres falots, veules, égoïstes au point d’acculer les femmes au crime pour exister. Le seul personnage masculin qui échappe à cette vision négative, c’est Sven mais est-il un homme? Son curieux choix de vie laisse des doutes. Quant au fils d’Eva, s’il est mentionné dans les premières pages, il disparaît totalement de l’histoire au point qu’on ne peut que subodorer qu’il est né des rencontres furtives évoquées dans les dernières pages. La lueur d’espoir réside dans la lettre finale?
    Voilà un roman, c’est sûr, qui ne laisse pas indifférentE!

    • sandrion dit :

      Ah… je retrouve avec plaisir nos conversations à bâtons rompus autour des livres, Christine ! Moi non plus je n’ai pas éprouvé de « compassion » à l’égard de cette femme qui n’est pas tendre avec les autres ! En même temps, les personnages féminins sont atroces aussi, la mère d’Eva en premier, cause première de tous les dégâts sur sa fille ! Quant au « fils » (si j’ai bien compris en tout cas), il n’y en a pas, c’est un « fils » entre guillemets, plus proche de Buster que des autres personnages de l’histoire !

  5. grigrigredin dit :

    Je rajoute un commentaire car après avoir lu ce livre suite à ton billet je l’ai acheté pour ma médiathèque et j’ai eu l’occasion de le conseiller à plusieurs lectrices : elles ont toutes aimé ! Il fait l’unanimité ! (elles savent pourtant qu’elles peuvent me dire clairement quand elles n’aiment pas un livre que je leur conseille).

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