Dans ma peau

J’ai croisé ce titre, chez Noukette et Aifelle, par exemple, mais j’avais tout oublié du contenu quand j’ai choisi ce livre à la médiathèque. J’ai été impressionnée, fascinée par ce récit autobiographique, à la fois pudique et intime, méthodique et lyrique, entre retenue et épanchement. Guillaume de Fonclare, directeur de l’Historial de la Grande Guerre à Péronne, est atteint, à 35 ans, d’une maladie inconnue du genre des maladies auto-immunes, qui ronge son corps, le condamne peu à peu à l’invalidité et l’obligera à quitter l’Historial. Tout au long du livre, il évoque en parallèle sa douleur, constante, avec laquelle il tente de composer, et celle des soldats de 14-18, dont il se sent si proche qu’il nous les rend également familiers. C’est superbe et poignant cet homme qui tente de faire face avec courage et lucidité, en essayant à tout prix mais non sans efforts et rechutes de repousser l’amertume et la tentation du suicide et du repli.

« Même si on m’annonce l’impossibilité de reconstruire, je reconstruirai. Je reconstruirai une vie susceptible d’être vécue par mon corps malade, qui me trimbale depuis si longtemps que je lui dois bien de le trimbaler à mon tour. Nous irons donc à son rythme, j’apprendrai à entendre ses plaintes, à les comprendre et à les soignerde mon mieux. Si nous avançons cahin-caha, je n’aurai cure des quolibets et des lazzis ; un pas après l’autre, nous avancerons vers un plus loin que j’ai appris à ne plus redouter ; et j’aurai appris à vivre dans ma peau. »