J’avais très envie de lire ce roman, alléchée par une longue interview de l’auteur lue sur un des derniers Telerama.
C’est un livre fort, dur mais j’ai eu du mal à m’y plonger réellement sans trop savoir pourquoi ; quelque chose m’a tenue à distance tout le long.
Pourtant l’histoire est prenante et terrible, et certainement basée sur de multiples faits réels. C’est celle d’esclaves vivant dans une plantation en Géorgie comme il y en a eu tant et tant, d’une en particulier, Cora, et de son évasion mouvementée vers le Nord et la liberté. Pour cela elle emprunte un chemin de fer souterrain qui l’amènera à traverser une bonne partie de l’Amérique. L' »Underground Railroad » du titre, c’est le nom d’un réseau d’aide aux esclaves fugitifs, auquel appartiennent plusieurs personnages du livre et de nombreux enfants américains se sont souvent représenté ce réseau comme un véritable chemin de fer souterrain, ce qui a donné l’idée à l’auteur qui dira dans le Monde des livres « je suis toujours à la recherche de métaphores pour mener ma propre enquête sur ce que l’Amérique veut dire« . Il lui aura fallu apparemment plus de 15 ans pour écrire ce roman complexe et brillant.
Peut-être que je cherchais trop un récit, un roman, avec un personnage auquel je puisse m’identifier. Je pense que le propos n’est pas là, c’est un roman qui cherche à frapper fort là où ça fait mal, un mélange entre fiction, documentaire, réflexion philosophique et sociale sur l’Amérique hier et aujourd’hui, qui rappelle de manière sombre et brutale les horreurs de l’esclavage, l’ambiguïté de certains discours, la haine, l’humanité des rares abolitionnistes blancs. Et là c’est très réussi 🙂
« Un Noir libre ne marche pas pareil qu’un esclave, disait-il. Les Blancs le sentent immédiatement, même si ce n’est pas conscient. Il ne marche pas pareil, ne parle pas pareil, ne se tient pas pareil. C’est dans les os. »
J’ai été contente de lire un autre avis mitigé, pour les mêmes raisons, chez Edyta !
Quand on ne ressent pas l’emballement général, on se demande toujours pourquoi .. mais on n’est pas tous destinés à aimer les mêmes choses. J’ai l’intention de le lire, mais pas tout de suite.
Il en vaut vraiment la peine, c’est sûr !
Je suis 100% d’accord avec tes cinq dernières lignes, sauf qu’en ce qui me concerne j’ai tout aimé dans ce roman.
🙂 Jérôme ça ne m’étonne pas de toi ! Tu étais destiné à aimer ce roman of course !
J’ai lu un billet moins élogieux mais le sujet me tente.
Je vois que nos avis se rejoignent.
Il est dans ma pile à lire, je vais essayer de ne pas avoir d’attentes précises et qui risqueraient d’être déçues ! (mais ça ne va pas être facile) 😉
Envie de le lire aussi mais bizarrement je ne me précipite pas…
C’est un brûlot politique plutôt qu’un roman même si l’auteur utilise les ingrédients de la forme romanesque avec brio. Difficile de s’attacher à Cora, a fortiori de s’identifier à elle, malgré tous les sentiments humanistes qui forcément nous traversent au regard de la cruauté, de l’indignité, de la bêtise exhibées. Pour moi Whitehead ne cherche pas à susciter la seule empathie. Ce n’est pas le registre d’un monde aussi violent, ni celui des protagonistes, ni celui de l’auteur lui-même à l’égard de ses personnages. C’est à la conscience des êtres qu’il s’adresse. Alors oui, on est en colère, on s’indigne, on plaint Cora, on l’admire aussi mais on garde un regard distancié sur son histoire et celle des siens. C’est ma lecture…
C’est exactement ça Christine !! j’apprécie ton long commentaire qui nuance et précise mon avis !