Ör, précise l’auteur à la fin c’est « cicatrice », au singulier ou au pluriel, qui « s’applique au corps humain, mais aussi à un pays, ou un paysage, malmené par la construction d’un barrage ou par une guerre. »
J’ai retrouvé avec bonheur l’univers singulier de A.A. Olafsdottir, qui sait à merveille retranscrire l’étrangeté de la vie, je trouve, et j’ai encore préféré ce roman au précédent, L’embellie. Jonas Ebeneser, le personnage principal, est un peu le jeune paumé de Rosa Candida (mon préféré !) 30 ans plus tard.
Au début de l’histoire, Jonas, divorcé depuis 8 ans, une mère qui perd la mémoire en maison de retraite, une fille de 25 ans, Nymphéa, qu’il adore au point de s’être fait tatouer un nymphéa juste en-dessous du coeur, et dont il apprend qu’il n’est pas le père biologique, ne va pas très fort… Je ne dévoilerai rien en précisant qu’il projette de mettre fin à ses jours. Il demande un fusil à son voisin et ami Svanur, mais il ne sait pas tirer, hésite à se pendre en pensant que c’est Nymphéa qui risque de le trouver et du coup, il prend l’avion pour un pays récemment en guerre, dans le secret espoir qu’il se fera tirer dessus… Mais il prend quand même sa caisse à outils et sa perceuse, car c’est en quelque sorte sa caractéristique : « Je ne suis pas un homme qui démolit, plutôt du genre qui arrange et répare ce qui ne fonctionne pas. Si on me demande pourquoi je fais tout ça, je réponds que c’est une femme qui me l’a demandé. »
Quand il arrive à l’Hotel Silence, il est quasiment le seul « touriste ». L’hôtel est tenu par Fifi et May, un frère et une soeur très éprouvés par la guerre. Evidemment la chambre est dans un sale état… et Jonas ne peut pas s’empêcher de sortir sa perceuse… même si le voisin (l’autre « touriste » – car lui aussi est venu avec une raison particulière) se moque : « Avec ta petite perceuse et ton rouleau de scotch ? Tu crois vraiment pouvoir recoller un monde en miettes ? » Ben oui, avec ses trois outils et son modeste savoir faire, Jonas va tenter de réparer ce qui peut l’être, les fenêtres, les portes mais aussi, peut-être, May, son petit garçon et… lui-même ?
Un roman magnifique, sobre, drôle, poétique, étonnant, parsemé de citations qui se glissent à travers les pages, comme celle d’Elizabeth Bishop (« Il n’est pas difficile de maîtriser l’art de perdre »), clin d’oeil à une précédente lecture… 🙂
je me laisserai bien tenter!
Tu ne le regretteras pas ! un pur bonheur de lecture…
Je le lirai c’est sûr. J’ai eu le plaisir de l’entendre parler de ce livre aux Boréales, en novembre. Elle est aussi sympa que ses livres 🙂
Il m’attend celui-ci, j’aime beaucoup cette auteure, je lis tout d’elle.
Pareil !! J’ai peut-être un peu moins aimé la rhubarbe
Pareil !
J’ai beaucoup aimé aussi, et n’ai jamais été déçue par l’auteure (son tout premier, Le rouge vif de la rhubarbe, m’a un tout petit peu moins plu…)
Comme toi c’est celui que j’ai aimé le moins !
J’aime beaucoup l’univers de cette auteure, il faut que je me procure ce titre 😉
Je suis tentée. J’aime beaucoup ce genre de texte.
Si tu n’as jamais lu cette auteure, tu as de belles lectures devant toi !
Elle a l’air décalée cette lecture, difficile de classifier ce type de livre en lisant ta chronique !
Oui ! c’est ce qui me plait chez cette auteure… jamais lu ?
Non, même jamais entendu parler avant icic !
Je te conseille Rosa Candida en premier !
C’est étrange, mais le titre me parle, enfin je veux dire que je l’ai déjà vu quelque part !
Je le lirai sans doute quand il sera disponible à la bibliothèque.