Je continue mes lectures autour de personnages de femmes ou de jeunes filles dans la littérature ado/jeune adulte, et voici encore une très bonne pioche !
C’est une jeune femme, Louise, qui raconte son histoire à un écrivain (on saura lequel et pourquoi), elle raconte comment tout a commencé, elle veut haut et fort prendre la parole pour « nous toutes ». Dès les premières lignes on est pris : que s’est-il passé ? qui sont ces « nous toutes » ? Retour en arrière de quelques mois, au lycée, une jeune fille, Alexia, s’est suicidée après une vidéo qui a circulé en boucle d’elle couverte de poils. Peu après d’autres, dont Louise, sont atteintes du même mal mystérieux, un virus qui semble ne toucher que les adolescentes. Très vite, les hommes politiques, les journalistes, les policiers, les gens se méfient, puis les mettent à distance, puis les insultent… On les appelle les « Obscures », elles préfèrent se nommer les « Félines ». On pense que c’est une maladie, une malédiction dont il faut à tout prix protéger les autres adolescentes, elles le vivent comme un fardeau mais aussi comme une chance : « Avec la Mutation, tout a changé. Les odeurs, les couleurs, les sons, la texture de mes vêtements, c’était un vrai déferlement de sensations quand je marchais dans la rue. Rien ne m’était indifférent. Tout me touchait. La douceur me faisait gémir de plaisir. La peur me perforait le coeur. Mes sens étaient aiguisés, mes émotions extrêmes. Nous redécouvrions ce que l’homme avait toujours essayé de domestiquer chez lui. L’empathie naturelle. Un lien direct et viscéral avec des forces invisibles mais pourtant bien présentes. Nos coeurs étaient des sismographes. Des mécanismes de précision. Un rien et nous pouvions fondre, jaillir ou nous écrouler. Nous étions dures, tranchantes, sensibles, émotives, sans concessions.«
Evidemment la manière dont toute la société agit face à cette « Mutation » est terrible, et rappelle furieusement celle dont elle a fait preuve à de multiples occasions à l’égard de ceux qui sont différents. Stéphane Servant force le trait pour faire réfléchir à la manière dont on peut réagir, par peur, indifférence ou méchanceté. Louise a la chance d’avoir de son côté son père, son petit frère et un garçon différent aussi, Tom. Tout le roman est le récit de sa transformation en Féline et de ses conséquences. Un roman puissant et bien écrit.
J’aime beaucoup la photo prise dans le hamac avec mon chat !!