Sorcières

Je ne lis pas souvent d’essais mais je tenais absolument à lire celui-ci, dont je sors assez emballée. Les sorcières, voilà qui me fascine et qui a toujours fasciné Mona Chollet aussi, comme elle l’explique en introduction : « depuis, où que je le rencontre, le mot « sorcière » aimante mon attention, comme s’il annonçait toujours une force qui pouvait être mienne. Quelque chose autour de lui grouille d’énergie. […] La sorcière incarne la femme affranchie de toutes les dominations, de toutes les limitations, elle est un idéal vers lequel tendre, elle montre la voie » Donc plutôt l’intelligente et fine Hermione dans Harry Potter que la vieille au nez crochu de Blanche-Neige, quoi… Et pourtant, en introduction, Mona Chollet rappelle la triste réalité de cette terrible chasse aux sorcières, essentiellement aux XVIe et XVIIe siècles, qui a valu la torture et la mort à des dizaines de milliers de femmes.

Ensuite, en 4 parties, elle s’intéresse aux ravages, de nos jours et jusque dans les détails, de cette chasse aux sorcières, à travers 4 aspects des « sorcières » modernes qui sont montrés du doigt, dénigrés de toutes les façons possibles : l’indépendance féminine (l’injonction à trouver l’épanouissement dans le service des autres), l’absence de désir d’enfant (la méfiance face aux femmes qui annoncent clairement ne pas vouloir d’enfants), le corps vieillissant (rester jeune à tout prix), le fait d’assumer son corps et sa nature (chapitre glaçant sur les maltraitances médicales entre autres). S’il n’y a plus d’exécutions publiques des sorcières, « la peine de mort pour les femmes qui veulent être libres s’est en quelque sorte privatisée« , puisqu’une fois tous les trois jours en moyenne, une femme est tuée sous les coups de son compagnon, si l’on oblige plus les femmes à faire des enfants, on les presse avec le concept farfelu d' »horloge biologique », une femme hésitant à suivre un traitement contre les troubles de la ménopause réputé cancérigène : « Mieux vaut un cancer que la ménopause. Un cancer au moins ça se soigne« .

Grâce à une écriture très fluide, sans jargon tout en étant précise et très documentée, Mona Chollet dresse un tableau souvent terrible de notre société qui méprise encore les femmes et propose, en creux, une autre façon d’être une femme, une sorcière moderne, sans haine des hommes mais résolument libre : « une femme qui tient debout toute seule » (propos de Pam Grossman)

Participation pour « gros mot » (bien que ce soit à contre-courant de ce que veut transmettre le livre !) du challenge Petit Bac 2023

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6 commentaires pour Sorcières

  1. aifelle dit :

    Il est dans ma PAL depuis un bon moment. Il faut que je l’en sorte.

  2. keisha41 dit :

    Beaucoup aimé, et celui Chez soi, mais moins apprécié d’autres titres de l’auteure.

  3. Claude dit :

    Tu me donnes envie , mais plus tard 🙂
    Merci pour cette belle chronique.
    Bonne soirée 😉

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