On est dans un petit village de Galice et c’est Tomas qui raconte : lui c’est un paysan mal dégrossi, dont la maison ressemble à une tanière crado depuis la mort de sa femme et qui passe pas mal de temps au bar avec Ramon qui l’aide aux champs. C’est là qu’il croise Suiza, une jeune femme rousse à la peau laiteuse, qui vient de Suisse et ne parle pas un mot d’espagnol ; le patron du bar l’a trouvée affamée dans la rue et l’a engagée comme serveuse et bonne à tout faire. Tomas éprouve pour elle une attirance immédiate, instinctive et bestiale : « Elle avait de grands yeux vides de chien un peu con, mais ce qui les sauvait c’est qu’ils étaient bleu azur, les jours d’été. Des lèvres légèrement entrouvertes sous l’effort, humides et d’un rose délicat, comme une nacre. A cause de sa petite taille ou de son excessive blancheur, elle avait l’air fragile. Il y avait en elle quelque chose d’exagérément féminin, de trop doux, de trop pâle, qui me donnait une furieuse envie de l’empoigner, de la secouer, de lui coller des baffes, et finalement, de la posséder. La posséder. De la baiser, quoi. Mais de taper dessus avant » Ce passage est assez représentatif du style et du caractère du personnage. Le début est puissant et dérangeant aussi, sauf que de ce désir bestial va naître, contre toute attente, une histoire d’amour. L’autrice alterne les passages où Tomas est le narrateur et d’autres où c’est Suiza, deux personnages extrêmement attachants, tout autant que les personnages secondaires.
La force et la beauté de cette écriture tient dans un mélange étonnant de passages crus et violents et d’autres très poétiques. J’ai été complètement séduite par ce premier roman très réussi ! (elle en a écrit deux autres depuis)
« Les manques lui ont fait une fragilité d’oeuf, alors qu’ils t’ont donné une carapace de tortue. Elle seule sait te l’enlever sans t’arracher la peau, toi seul sais la protéger comme elle le souhaite, sans la casser. Vos deux faiblesses mises ensemble, ça fait quelque chose de solide, une petite paire d’inséparables. C’est pas bien souvent mais des fois, quand tu mélanges bien deux malheurs, ça monte en crème de bonheur. »
C’est un billet de Krol qui m’avait donné envie : quel dommage que son blog se soit arrêté !
Merci pour le lien vers mon blog… J’ai moins aimé son second roman, plus conventionnel et « fleur bleue » et j’ai offert son troisième à une amie sans l’avoir lu.
Ok ! je vais rester sur cette belle découverte alors !
Je me souviens de billets enthousiastes sur ce roman, et ton avis confirme, pourtant, je n’arrive pas à avoir envie de le lire…
ah c’est vrai ? Qu’est-ce qui te retient ?
La violence, je pense…
Je suis bien d’accord, quel dommage pour le blog de Krol ! J’avais aussi noté ce titre suite à son billet, il est toujours sur ma pile…
Il faut l’en sortir ! c’est vraiment un bouquin fort !