Femme à la mobylette

Reine, au début du roman, porte mal son nom : sans travail, seule avec ses trois enfants qu’elle a du mal à nourrir, elle est traversée régulièrement par des vagues de désespoir profond… Il faudrait au moins un miracle pour la sortir de là… Et ce miracle émerge lorsqu’elle entreprend de nettoyer le jardin, devenu une décharge depuis quelques années : sous l’amas de ferraille apparaît une mobylette bleue, une vieille mobylette qui va permettre à Reine d’accepter le travail qu’on vient de lui proposer à quelques kilomètres de chez elle. « J’ai un travail ! J’ai un travail ! » annonce-t-elle radieuse à ses trois enfants, Sacha, Sonia et Igor. Mais Igor, à la sensibilité exacerbée, sait que toute exubérance de la part de sa mère peut cacher l’arrivée d’une crise… Autre miracle : la rencontre sur une aire de repos du routier hollandais Jorgen dont l’amour fera de cette femme une vraie « reine ».

J’ai énormément aimé ce roman, qui adopte résolument le point de vue de cette femme forte et fragile à la fois et montre bien son rapport particulier au réel, le plus souvent inadapté par rapport aux normes sociales, la richesse et l’originalité de son imaginaire. J’ai aimé la manière dont l’auteur montre le désarroi du fils, démuni face à la bipolarité de sa mère, toujours dans l’inquiétude. Ci-dessous la réaction des enfants face au nouveau travail de leur mère devenue thanatopractrice :

« Les enfants médusés, ne posent aucune question. Sacha se contente de dire: « Tu touches les morts », avec une certaine admiration. Sonia ajoute: « Non elle ne les touche pas, elle les habille pour les faire beaux. »
Igor est des trois le plus impressionné à l’idée que sa mère serve de passeur entre des vivants qui ne le sont plus et Dieu que personne ne voit. Il aime les points de force de sa mère , son courage, sa vivacité, son acharnement à vouloir transformer la réalité avec ses tissanderies, sa propension aussi à l’émerveillement tout en sachant que son comportement volontariste, cette violence qu’elle se fait subir à elle-même pour être à la hauteur, n’ont pour socle que son extrême fragilité. » 

L’histoire d’amour entre Reine et Jorgen, ancien peintre devenu routier, est aussi très belle. Dommage que la fin soit si noire mais les titres des cinq chapitres l’annonçaient : après « la nuit impossible », « les mains inutiles » et les deux « miracles », il y avait « le retour du réel »… On aurait aimé que le miracle dure mais ce dernier chapitre est vraiment trop triste, un peu trop exagéré et, je suis d’accord avec Béa là-dessus, avec certaines invraisemblances…

Des avis tranchés ! Béa a détesté / Phili a adoré (mais pas fait de billet dessus)… d’autres avis ?

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4 commentaires pour Femme à la mobylette

  1. Mind The Gap dit :

    Je l’ai lu mais ne ferais pas de chronique dessus. J’ai bien aimé, c’est écrit avec sensibilité et goût . Mais je trouve que c’est trop triste, trop plombant, malgré l’histoire d’amour … j’ai préféré En vieillissant les hommes pleurent…largement !

  2. Aifelle dit :

    J’aurais pu être tentée, mais cette fin plombante que vous évoquez tous … c’est trop.

  3. Violette dit :

    j’ai lu un avis très positif (mais chez qui? bon sang, je ne sais plus!)

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